Lucien Clergue – poète photographe

 

Lucien Clergue – poète photographe

Un vrai photographe est aussi rare qu’un vrai poète ou qu’un vrai peintre. L’objectif est un oeil de verre sans autre valeur que n’importe quel oeil stupide, s’il ne transfigure pas ce qu’il regarde. Et je ne parle ni d’angles ni de cadres, mais du phénomène qui fait, par l’entremise d’une machine, le photographe consommer l’étrange mariage du conscient et de l’inconscient, d’où naissent les monstres délicieux de la poésie.

Lucien Clergue possède, après Cartier Bresson, le privilège de transcender un modèle. Il nous montre avec ses nus maritimes, la naissance de Vénus, avec un simple étang, la mort d’Orphée, bien que son lyrisme n’affecte jamais le style pittoresque ou « poétique ». Un nu reste un nu, un étang, un étang. Seulement en voyageant à travers la nuit de Clergue, ils se dépaysent et prennent cet air, l’étang, d’être vu par un échassier de Camargue, les nus, par une mouette.

Jean Cocteau, 1960